SecOps : une transformation au cœur des systèmes d'information
Avec la menace permanente des cyberattaques, la continuité des services IT est un enjeu majeur pour les entreprises qui n’ont plus le luxe d’opposer exploitation (Run) et sécurité. C’est dans ce contexte qu’émerge une approche résolument moderne et stratégique : SecOps.
Mais que signifie réellement cette alliance entre le run et la cybersécurité ? Pourquoi ce modèle hybride séduit-il autant les entreprises… et les experts IT ? Décryptage complet d’une approche qui redéfinit les rôles, les compétences, et les trajectoires de carrière dans l’IT.
Qu'est-ce que le SecOps ?
SecOps, contraction de Security Operations, désigne l’intégration de la cybersécurité dans les opérations informatiques quotidiennes. Loin d’être un simple acronyme "tendance", c’est une culture d’organisation qui vise à :
- Améliorer la sécurité des environnements en production "by design"
- Fluidifier la collaboration entre équipes exploitation (Run), réseau, système, cloud et sécurité
- Réduire le temps de réaction face aux incidents et attaques
- Assurer la conformité réglementaire en continu
C’est une extension naturelle du DevSecOps, mais adaptée aux environnements de production et de maintien en conditions opérationnelles (MCO).

Concrètement, que recouvre une approche SecOps ?
Un environnement SecOps repose sur trois piliers : technologie, processus, culture.
1. La technologie : de la supervision à la remédiation automatisée
Le socle technologique d’un dispositif SecOps repose sur des outils capables de :
- Surveiller les activités réseau et système en temps réel
- Corréler les événements suspects à grande échelle
- Déclencher des alertes intelligentes et des actions correctives
Parmi les solutions fréquemment utilisées :
- SIEM (Splunk, ELK, QRadar) : collecte et analyse de logs
- EDR/XDR : détection de menaces aux endpoints
- SOAR : orchestration des réponses automatisées
- Scripts personnalisés (Python, PowerShell) pour l’analyse et la remédiation
- Outils d’IaC (Terraform, Ansible) pour sécuriser les déploiements
2. Les processus : intégrer la sécurité au quotidien
SecOps implique une évolution des pratiques d’exploitation. Concrètement :
- Le durcissement des systèmes devient systématique (suppression des comptes par défaut, segmentation réseau…)
- Les patchs de sécurité sont intégrés aux cycles de vie ITIL (gestion des changements, des incidents, des problèmes)
- Les vérifications de conformité sont automatisées et récurrentes
- La gestion des accès fait l’objet d’une attention constante : least privilege, authentification forte, revue périodique
3. Culture : vers une responsabilisation collective
C’est probablement le point le plus complexe et le plus transformateur.
- L’approche SecOps sort la cybersécurité du seul périmètre du RSSI.
- Les équipes run deviennent des acteurs de la sécurité, et plus seulement des opérateurs techniques.
- On assiste à une montée en compétences, une prise d’initiative, et une sensibilisation accrue aux enjeux de risques.
Pourquoi les experts IT s'intéressent (et doivent s'intéresser) au SecOps ?
1. Une montée en compétence naturelle et valorisante
Travailler en SecOps permet d’enrichir son profil technique avec des compétences sécurité recherchées :
- L’analyse de logs et d’incidents de sécurité
- L’automatisation de la détection de vulnérabilités
- La connaissance des normes ISO 27001, NIS2, RGPD
- Le scripting de remédiation (Bash, Python, PowerShell)
Exemple métier : un administrateur Linux qui maîtrise la gestion des logs système peut apprendre à identifier des tentatives d’escalade de privilèges ou des connexions SSH suspectes, et automatiser la réponse via un playbook SOAR.
2. Un rôle clé dans la stratégie d’entreprise
Les environnements SecOps sont souvent plus proches des enjeux métier : continuité d’activité, gestion de crise, protection des données critiques. Cela donne au collaborateur une vision plus stratégique de son métier, loin de l’image du technicien invisible.
3. Une employabilité accrue sur le marché
Les recruteurs recherchent de plus en plus des profils capables de faire le lien entre production et sécurité.
Un ingénieur exploitation ayant une fibre SecOps devient un atout rare et précieux sur le marché de l’emploi.
Quelles formations, certifications et expériences pour se positionner en ingénieur SecOps ?
Se positionner sur un rôle ou une mission à dominante SecOps ne nécessite pas nécessairement de repartir de zéro : il s’agit souvent de capitaliser sur des acquis techniques, tout en ajoutant une couche de compétences sécurité. Le profil idéal conjugue compréhension opérationnelle des systèmes avec une conscience aiguisée des risques cyber.
Les formations SecOps à considérer
- Formations en cybersécurité appliquée à la production (CNAM, Efrei Executive, CyberUni…)
- Mastères spécialisés ou parcours courts (type CESI, ISEP, IMT) sur la sécurité des SI ou la gestion des incidents
- MOOCs ou formations en ligne ciblées sur des plateformes comme OpenClassrooms, TryHackMe ou Coursera
- Formation ITIL avec un volet sécurité pour comprendre l’intégration des risques dans les processus opérationnels
Ces parcours ne visent pas à former des pentesters, mais à donner des réflexes sécurité à des profils infrastructure, réseau ou cloud.
Les certifications valorisantes
Il existe plusieurs certifications clés pour un ingénieur SecOps :
- CompTIA Security+ : parfaite pour les profils juniors souhaitant acquérir une base solide
- Certified SOC Analyst (CSA) : orientée détection et monitoring, souvent accessible en formation continue
- SSCP (Systems Security Certified Practitioner) : très adaptée aux techniciens systèmes ou réseaux
- ISO 27001 Lead Implementer / Auditor : utile pour les missions mêlant sécurité et conformité
- CySA+ ou CEH (Certified Ethical Hacker) : plus techniques, pour les profils souhaitant aller plus loin
Il est également intéressant de valoriser des certifications déjà détenues en exploitation (Linux+, RHCE, Azure/AWS, Cisco) en les complétant par un volet sécurité.
Les expériences à mettre en avant
Les expériences suivantes sont particulièrement valorisées pour un ingénieur SecOps :
- La gestion d’un système de supervision ou de logs (ELK, Zabbix, Prometheus…) avec intégration sécurité
- Une participation active à des audits ou à des campagnes de remédiation
- Des astreintes en environnement sensible ou certifié (banques, industrie, secteur public)
- Des migrations vers le cloud sécurisées (ex : durcissement post-déploiement, IAM cloud…)
- La contribution à des plans de reprise d’activité (PRA) ou de gestion de crise cyber
Quelle place pour le SecOps dans les projets IT d'aujourd'hui ?
L’approche SecOps s’impose progressivement comme un standard dans les environnements IT modernes. Dans un contexte où les incidents de sécurité peuvent avoir des impacts opérationnels majeurs, les projets IT intègrent désormais la cybersécurité dès les phases d’exploitation.
Voici quelques exemples concrets de la manière dont SecOps s’intègre aux projets :

Ce type d’approche est désormais attendu dans de nombreux secteurs (finance, santé, industrie, services publics) et concerne aussi bien des projets de transformation, de migration vers le cloud, que des initiatives de durcissement ou de conformité.
En clair, SecOps n’est plus une spécialité isolée, mais une compétence transverse, qui structure et sécurise tous les projets à fort enjeu.
Comment adopter une démarche SecOps dans une organisation IT ?
L’adoption d’une démarche SecOps peut se faire progressivement, par étapes, en fonction de la maturité des équipes et des environnements existants.
Voici quelques leviers concrets :
- Identifier des points de friction récurrents entre équipes run et sécurité, et co-construire des solutions
- Centraliser les logs dans un SIEM, même basique, pour mieux comprendre les comportements système
- Automatiser les tâches répétitives et à faible valeur (patching, alerting, revue des accès)
- Sensibiliser les équipes IT aux enjeux de sécurité métier, pas uniquement techniques
- Mettre en place des indicateurs partagés : temps moyen de remédiation, niveau de conformité, taux d’incidents détectés en interne
Ce changement d’approche se fait souvent par petits pas, mais ses bénéfices sont rapidement visibles en termes de fiabilité, de coordination et de performance globale.
Le SecOps : un tournant stratégique pour les professionnels de l'IT
Le modèle SecOps incarne une évolution naturelle mais profonde de la gestion des systèmes d’information. En intégrant la cybersécurité au cœur des opérations, il fait tomber les silos, responsabilise davantage les équipes techniques, et remet la résilience au centre des priorités IT. Cette approche ne repose pas uniquement sur des outils ou des processus, mais sur une véritable culture de collaboration, de vigilance et de montée en compétence.
Pour les professionnels du run, du système, du réseau ou du cloud, SecOps représente une opportunité claire : celle d’élargir leur périmètre d’action, d’évoluer vers des rôles plus stratégiques, et de renforcer leur valeur sur le marché. Dans un monde où la continuité de service est devenue vitale et les menaces omniprésentes, savoir faire le lien entre exploitation et sécurité devient un atout incontournable.
Adopter une posture SecOps, c’est choisir d’être acteur de la transformation numérique, et non simple exécutant. C’est prendre part à une nouvelle vision de l’IT : plus fluide, plus résiliente, plus responsable. Et c’est, plus que jamais, se positionner comme un professionnel complet et en phase avec les enjeux technologiques d’aujourd’hui… et de demain.