Cloud : la sécurité par défaut
Vincent Strubel, Directeur Général de l'ANSSI, a récemment alerté sur le fait que la France est une cible privilégiée des cyberattaques. Avec l'accélération des stratégies go-to-cloud, et la sophistication croissante des menaces, la sécurité cloud est devenue un enjeu central pour les entreprises. Il est donc essentiel d'adopter une approche structurée et proactive pour protéger les infrastructures et les données.
La sécurité cloud par défaut et le modèle de responsabilité partagée
Les principaux fournisseurs de cloud sécurité comme AWS, Azure, Google Cloud Platform (GCP) et AliCloud ont développé des solutions avancées pour garantir une protection robuste. Ces acteurs appliquent un modèle de sécurité par défaut, qui repose sur des protections natives activées automatiquement et sur un modèle de responsabilité partagée (Shared Responsibility Model). Ce modèle définit clairement les rôles :
- Le fournisseur cloud assure la sécurité de l'infrastructure sous-jacente : accès physique aux datacenters, application des correctifs de sécurité et intégrité globale de la plateforme.
- Le client est responsable de la configuration et de la sécurité de ses données, applications et accès.
Cloud et Zero Trust : une approche indispensable
Une idée reçue répandue consiste à croire que le cloud est moins sécurisé qu'un environnement on-premise. En réalité, c'est l'utilisation du cloud sécurisé qui détermine son niveau de protection. Le concept de Zero Trust est essentiel : il repose sur le principe du "Ne jamais faire confiance, toujours vérifier".
Les quatre piliers du Zero Trust sont :
- Sécurité périmétrique : contrôle strict des accès aux ressources.
- Certificats et authentification multi-facteurs : renforcement de la vérification d'identité.
- Gestion des droits et des utilisateurs : application du principe du moindre privilège.
- Chiffrement des données : protection des flux de données et stockage sécurisé.
La comparaison entre un château fort et un aéroport illustre bien les différences d'approche. Alors que la sécurité on-premise repose sur un unique périmètre fortifié, le cloud adopte une stratégie en couches multiples, offrant des niveaux de protection adaptatifs.
L’approche Zero Trust consiste à trouver le niveau de sécurité attendu en fonction des attentes et de la criticité des données ou du service utilisé. Tous les fournisseurs de cloud fournissent l'intégralité des outils pour pouvoir mettre en place tout type de défenses.

Les piliers de la sécurité cloud
La sécurité cloud repose sur plusieurs fondements stratégiques :
- Conformité et réglementation : respect des normes ISO 27001, GDPR, SOC 2, etc.
- Gestion des identités et des accès (IAM) : contrôler qui peut accéder à quoi et sous quelles conditions.
- Détection et réponse aux menaces : outils comme Microsoft Defender for Cloud ou AWS GuardDuty permettent une surveillance continue.
- Protection des infrastructures : pare-feu, Network Security Groups (Azure), Security Groups (AWS), segmentation réseau.
- Chiffrement des données : chiffrer les données en transit, au repos et en utilisation.
- Gestion des incidents : développement de plans de réponse à incident et simulations d'attaques.
Lorsqu'une entreprise amorce sa migration vers le cloud, une équipe dédiée est généralement constituée.
Cette équipe peut avoir diverses appellations : Cloud Team, CCoE, etc.
Gouvernance et responsabilités dans un environnement cloud
Lors de la migration vers le cloud, une gouvernance claire est essentielle. Une équipe spécifique, souvent appelée Cloud Center of Excellence (CCoE) ou Cloud Team, doit intégrer des experts en sécurité, notamment des DevSecOps et des RSSI Cloud. Cette gouvernance repose sur une collaboration entre les équipes IT, DevOps et cybersécurité pour garantir un usage sécurisé et conforme aux bonnes pratiques.
Coût et optimisation de la sécurité cloud
Les fournisseurs de services cloud mettent à disposition des outils de sécurité de base, comme les Network Security Groups chez Azure ou les Security Groups chez AWS, généralement sans frais supplémentaires. Cependant, les fonctionnalités avancées comme l'analyse et la surveillance, capables de générer des métriques précises et de détecter activement des attaques ou intrusions, s'accompagnent d'un coût additionnel.
La subtilité de la sécurité dans le cloud réside dans le fait que les composants essentiels tels que les pare-feu et la gestion des identités sont souvent fournis à des coûts minimaux ou nuls. En revanche, pour des fonctionnalités plus sophistiquées, telles que les tableaux de bord consolidés offrant une vue d'ensemble, les coûts s'appliquent.
Le véritable enjeu est de déterminer quel est l'investissement minimal requis pour une sécurité efficace dans le cloud. Au-delà de la sécurité, tout aspect lié au cloud doit envisager un volet FinOps pour une gestion optimale des coûts.
Il est donc crucial, lors de l'évaluation de la maturité de l'entreprise, de bien comprendre quels outils sont utilisés, leur usage et leur finalité. Cela aide à orienter l'usage stratégique de ces outils et à anticiper les implications financières y afférentes.
Mise en place d'une stratégie de sécurité cloud
Mettre en œuvre une stratégie de sécurité dans le cloud implique plusieurs étapes clés :
- Audit de sécurité cloud (cloud assessment) : évaluer la maturité de l'organisation.
- Cartographie des outils de sécurité : identifier les solutions en place.
- Définition des besoins par profil utilisateur : RSSI, développeur, admin cloud.
- Plan de remédiation et audits réguliers : mise en place de correctifs continus.
- Tests et simulations d'incidents : validation des procédures de réponse aux cyberattaques.
Conclusion
La sécurité cloud ne repose pas uniquement sur la technologie, mais aussi sur une bonne gouvernance, une compréhension du modèle de responsabilité partagée et une adoption des meilleures pratiques, notamment le Zero Trust. Une stratégie efficace allie protection proactive, surveillance continue et optimisation des coûts pour garantir un environnement cloud sécurisé et performant.