Tech Show Paris : 6 tendances DevOps à retenir pour 2026
Introduction : vers la redéfinition du DevOps ? Une édition marquée par l’IA, la gouvernance et un métier du DevOps...


Le DevOps REX est une conférence qui existe depuis 2016, l’édition 2025 est la 6ème édition de l’évènement. Pour cette édition du 10 et 11 décembre 2025 plus de 600 participants, 30 exposants, 25 speakers se sont rassemblés à la Cité des Sciences et de l’Industrie.
En parallèle de ce salon, et dans les mêmes lieux, il y a eu la conférence Open Source Experience. Cette année fut la première édition avec des conférences liées à l’Intelligence Artificielle.
Le but du DevOps REX, c’est d’avoir des retours d’expérience de professionnels en lien avec la philosophie DevOps. Les conférences sont sélectionnées par un comité de programme indépendant, sur la base de leur maîtrise du DevOps et de leur expérience concrète de mise en œuvre.
C’est ma première participation à cet évènement, mais d’un coup d’œil je peux donner 3 tendances principales :

Comme je l’ai dit plus tôt, sur cette édition, c’est la première édition avec des conférences sur l’IA. Jusqu’alors, l’Intelligence Artificielle était un outil intéressant pour expérimenter et augmenter la productivité mais elle n’était pas largement utilisée dans un cadre opérationnel, c’était surtout des chatbots. Maintenant des agents peuvent faire ta code review ou l’IA peut même t’aider à développer ta propre IA.
Lors de la conférence Agentic AI | Et si c’était l’IA qui faisait ta code review ?, Les Filles et les Garçons de la Tech nous ont présenté comment un workflow n8n avec de l’intelligence artificielle peut automatiser le processus de code review.
A lire aussi : IA DevOps : quand l’IA transforme la chaîne CI/CD de bout en bout
Sur la souveraineté, le sujet est omniprésent. Le contexte géopolitique n’y est pas pour rien : avec les tensions actuelles et les risques d’ingérences américaines beaucoup sont dans la crainte. Et dans ce cadre, la question de savoir si nos “clouds souverains” le sont réellement, refait surface.
Plusieurs intervenants ont justement pointé du doigt les limites de certaines offres françaises ou européennes : un cloud “souverain” opéré avec un partenaire américain reste-t-il souverain ? Les exemples comme SANS ou Bleu montrent qu’on avance dans la bonne direction, mais les dépendances technologiques sous-jacentes interrogent encore.
Un talk en particulier a rappelé un fait qui a marqué l’année : l’incident majeur survenu en Virginie chez AWS, qui a entraîné des répercussions jusqu’en Europe. Quand une panne locale sur le sol américain impacte nos services européens, difficile de ne pas remettre en question la promesse même d’autonomie ou de résilience.
Cela renvoie aussi à la souveraineté au sens large : celle des infrastructures physiques, des câbles sous-marins qui transportent une grande partie du trafic mondial, et dont le contrôle par les grands acteurs américains et asiatiques reste un enjeu géopolitique majeur. Là encore, on sent une volonté globale de mieux maîtriser la chaîne, mais aussi une prise de conscience de sa fragilité.
Concernant Kubernetes, les échanges révélaient surtout un constat de maturité… et parfois de lucidité. Oui, c’est devenu la norme dans beaucoup d’architectures, mais plusieurs intervenants ont reconnu qu’il est parfois choisi par réflexe, alors que les besoins ne le justifient pas toujours.
Kubernetes reste extrêmement utile pour garantir de la haute disponibilité ou piloter des architectures distribuées, mais il peut rapidement devenir trop lourd quand les cas d’usage sont plus simples. Sans compter que sa mise en œuvre impose un niveau de compétences élevé, avec une courbe d’apprentissage longue et souvent coûteuse pour les équipes.
Durant ces deux journées, j’ai retenu deux conférences particulières. L’une des conférences est un REX gouvernance et l’autre une REX IA en production.
Lors de cette conférence, Jérôme Galais nous présente les défis rencontrés lors de la migration d’un cloud AWS vers un cloud souverain. Le client final souhaitait quitter AWS principalement en raison de coûts devenus trop importants et de contraintes liées au RGPD (Règlement général sur la protection des données).
L’objectif était double : migrer vers un cloud souverain tout en réduisant la facture globale, avec une cible ambitieuse de 50 % d’économies. Chez le client, les ressources cloud avaient été déployées progressivement, sans réelle optimisation. Plus globalement, l’entreprise utilisait des programmes Python peu optimisés et disposait d’une faible sensibilisation à la conteneurisation.
Les principales contraintes lors d’une migration vers un cloud européen concernent la correspondance des services et le vendor lock-in. Ce dernier désigne la dépendance forte à un fournisseur cloud, rendant une sortie complexe, voire impossible.
Dans leur cas, la correspondance a pu être établie pour l’ensemble des services, à l’exception de deux :
Ces deux solutions ont été remplacées respectivement par Kafka et par une installation d’Elasticsearch sur bare-metal au sein d’un cluster Kubernetes. À noter que l’un de ces services était bien disponible chez Scaleway, mais uniquement en version bêta. La migration a dû être réalisée en one shot, en redirigeant l’ensemble des flux vers le nouveau fournisseur cloud, Scaleway.
Un enseignement clé de cette migration est le suivant : il ne faut pas chercher à transposer à l’identique une infrastructure existante sur le cloud. Lorsque des services managés sont pertinents pour certaines tâches, il est préférable de les exploiter. Grâce à l’optimisation des applications Python et à une utilisation plus adaptée des services cloud, l’équipe est parvenue à atteindre l’objectif de 50 % de réduction des coûts.
Ce talk portait sur l’implémentation d’un chatbot basé sur l’IA, reposant sur la documentation interne d’une entreprise, avec une contrainte forte : l’utilisation exclusive d’un cloud souverain. Cette exigence est cruciale, car le chiffre d’affaires du client repose en grande partie sur sa propriété intellectuelle.
Avant de démarrer le projet, Antoine Durand s’est interrogé sur la pertinence réelle de la solution. De nombreuses entreprises se lancent dans l’IA par effet de mode (FOMO – Fear Of Missing Out) ou par CV Driven Development, c’est-à-dire l’adoption de technologies avant tout pour leur visibilité sur un CV.
La réalité est que la majorité des projets d’IA ne dépassent pas le stade de la mise en production (entre 78 et 88 %). Il est donc de la responsabilité de l’entreprise en charge de l’implémentation de se poser les bonnes questions : existe-t-il une vision stratégique ? Un retour sur investissement est-il attendu ?
Une fois ces interrogations levées, l’équipe a pu se lancer dans la mise en œuvre de la solution. Celle-ci repose sur une architecture de RAG (Retrieval-Augmented Generation) appliquée aux documents internes de l’entreprise.
Le cloud souverain retenu est Clever Cloud. Le front-end a été développé en Python à l’aide de Streamlit, et pour la brique IA, ils ont naturellement fait appel à notre champion français : Mistral AI.
Finalement, j’ai vraiment apprécié cette conférence, les talks sont intéressants, ils évoquent vraiment le sujet du DevOps avec une certaine profondeur. Il y a des retours sur les conduites du changement dans des organisations où la philosophie DevOps n’était pas intégrée.
Ce genre de conduite du changement est un défi pour une entreprise, il est parfois difficile de faire adopter de nouvelles méthodes à des personnes ancrées dans leurs habitudes.
J’ai pu voir aussi des présentations liées à l’utilisation de l’IA, cette fois avec un plus grand intérêt selon les conférences avec un impact réel de l’IA. Je pense que l’IA, même si elle a pris un tournant en 2018, commence à vraiment avoir des usages et de bonnes intégrations en production.
L’IA a atteint un certain niveau de maturité, qui permet des usages impossibles il y a un an. Un autre sujet est beaucoup revenu sur la table, c’est la souveraineté. Avec les évènements géopolitiques récents, beaucoup d’entreprises s’inquiètent vraiment de la sécurité de leurs données.
Articles similaires
Introduction : vers la redéfinition du DevOps ? Une édition marquée par l’IA, la gouvernance et un métier du DevOps...
Depuis plusieurs années, le DevOps s’impose comme le moteur de la transformation numérique. On parle d’automatisation, de pipelines, de livraison continue,...
Pourquoi automatiser le déploiement de configuration et d’infrastructure IT ? Dans un contexte où les systèmes d’information deviennent de plus...